En toute chose, il faut considérer la fin.
Les derniers mots : quand l'auteur se tait. Un jeu.

Nous avons déjà célébré les incipits, ces phrases inaugurales qui ouvrent un roman et donnent le ton d’une œuvre. Mais on oublie parfois leur miroir discret : les derniers mots. Ceux qui ferment la porte, déposent un écho dans l’esprit du lecteur, ou laissent volontairement béer une ouverture.
L'explicit (sans « e ») est le terme consacré en littérature pour désigner la fin d’un texte, de la formule latine « explicitus est liber » qui marquait la fin des manuscrits au Moyen-Age (« Le livre se termine. »). On dit de plus en plus souvent maintenant « excipit », en miroir de l'incipit du début du livre, et surtout pour se démarquer de l'anglais pour lequel l'un des sens de l'adjectif « explicit » est « qui représente crûment de la nudité ou un acte sexuel. »
La dernière note...
Si l’incipit capte l’attention, l’explicit imprime la mémoire. C’est lui qui accompagne le lecteur dans le silence qui suit la dernière page. Une fin peut bouleverser, rassurer, surprendre ou au contraire désarmer. Elle cristallise une lecture entière en un mot, une formule, une respiration.
Quelques fonctions des derniers mots
- Clore définitivement : certains romans se ferment comme un cercle parfait, laissant la sensation d’un destin accompli.
- Ouvrir au-delà du livre : d’autres se terminent sur une suspension, une promesse, un appel à l’imaginaire.
- Laisser une empreinte sonore : le choix du dernier mot n’est pas anodin, il résonne comme la dernière note d’une symphonie.
- Déranger : une rupture abrupte, un mot trivial, une coupure brutale peuvent troubler, voire hanter le lecteur.
Nous vous proposons maintenant quelques explicits célèbres. Vous connaissez le principe : deviner le titre du livre et le nom de son auteur,
avant de lire les réponses en bas de page.
Les explicits
- « Après tout, demain est un autre jour. »
- « Il aimait Big Brother. »
- « Il mourut quand il n'eut plus son ange ; la chose simplement d'elle-même arriva, comme la nuit se fait lorsque le jour s'en va. »
- « …la peste réveillerait ses rats et les enverrait mourir dans une cité heureuse. »
- « Quand on voulut le détacher du squelette qu'il embrassait, il tomba en poussière. »
- « Il ne me reste qu’à m’asseoir au bord de ma fosse ; après quoi je descendrai hardiment, le crucifix à la main, dans l’éternité. »
- « Beloved. »
- « Faut jamais rien raconter à personne. Si on le fait, tout le monde se met à vous manquer. »
- « Le vieil homme rêvait des lions. »
- « La vie, voyez-vous, ça n'est jamais si bon ni si mauvais qu'on croit. »
- « N’est-ce pas beau de penser ainsi ? »
- « Ce que je fais est bien meilleur que tout ce que j'ai jamais fait ; c'est un repos bien meilleur que tout ce que j'ai connu. »
- « Oui. »
- « Il serait là toute la nuit et il y serait quand Jem se réveillerait le matin. »
- « Jamais il n’y eut d’histoire plus pleine de malheur que celle de Juliette et de son Roméo. »
- « Ainsi nous avançons, barques à contre-courant, sans cesse repoussés vers le passé. »
- « Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il ne me restait qu'à souhaiter qu'il y ait, le jour de mon exécution, beaucoup de spectateurs et qu'ils m'accueillent avec des cris de haine. »
- « Il vient de recevoir la croix d’honneur. »
- « Demain il pleuvra sur Bouville. »
- « Il appelait vers lui toutes les péniches du fleuve toutes, et la ville entière, et le ciel et la campagne, et nous, tout qu’il emmenait, la Seine aussi, tout, qu’on n’en parle plus. »
Les ouvrages
A. Voyage au bout de la nuit - Louis-Ferdinand Céline
B. Un conte de deux villes (A Tale of Two Cities) - Charles Dickens
C. Roméo et Juliette - William Shakespeare
D. La Nausée - Jean-Paul Sartre
E. Madame Bovary - Gustave Flaubert
F. Beloved - Toni Morrison
G. L’Étranger - Albert Camus
H. Ulysse - James Joyce
I. Les Misérables - Victor Hugo
J. L’Attrape-cœurs (The Catcher in the Rye) - J. D. Salinger
K. 1984 - George Orwell
L. Gatsby le Magnifique - F. Scott Fitzgerald
M. Autant en emporte le vent - Margaret Mitchell
N. Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur (To Kill a Mockingbird) - Harper Lee
O. La Peste - Albert Camus
P. Notre-Dame de Paris - Victor Hugo
Q. Une Vie - Guy de Maupassant
R. Le Vieil Homme et la mer (The Old Man and the Sea) - Ernest Hemingway
S. Le soleil se lève aussi (The Sun Also Rises) - Ernest Hemingway
T. Mémoires d’outre-tombe - François-René de Chateaubriand

Dernière phrase du Mythe de Sisyphe d'Albert Camus (1942)
Corrigé :
1 – M
2 – K
3 – I
4 – O
5 – P
6 – T
7 – F
8 – J
9 – R
10 – Q
11 – S
12 – B
13 – H
14 – N
15 – C
16 – L
17 – G
18 – E
19 – D
20 – A
Partager cet article avec vos amis :



